L’Alliance HQE-GBC a organisé son Assemblée Générale Ordinaire le 8 juin dernier dans le prestigieux cadre de l’Hôtel Roquelaure au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. La première partie de l’événement a été consacrée à l’Assemblée Générale Statuaire de l’association avec la présentation du rapport moral et d’activités 2022. La seconde partie a été dédiée à une table ronde sur l’adaptation au changement climatique en présence de Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, Directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC depuis 2015, Raphaël Ménard, Président du Directoire de l’AREP, Fanny Lacroix, Vice-Présidente de l’AMRF, Stella Gass, Directrice de la Fédération des Scot et Marjolaine Meynier-Millefert, Présidente de l’Alliance HQE-GBC.
Assemblée générale statutaire de l’Alliance HQE-GBC, une association au service d’un cadre de vie durable pour tous
A l’occasion de l’Assemblée Générale Statutaire, Marjolaine Meynier-Millefert, Présidente de l’Alliance HQE-GBC a rappelé les axes d’actions de l’association :
- Rassembler les forces, l’un des piliers fondateurs de l’association
- Anticiper les enjeux du cadre de vie durable
- Permettre aux professionnels de passer à l’action
- Améliorer et diffuser les connaissances
- Inscrire l’action de l’Alliance HQE-GBC à l’échelle européenne
Dans le cadre de la présentation du rapport moral et d’activité, il est à noter que la majorité des indicateurs sont en hausse. Avec notamment 818 référents HQE et 94 membres actifs représentant une variété d’acteurs allant des organisations professionnelles au centres techniques et scientifiques en passant par des sociétés, des associations, des collectivités et associations collectives, et un ordre.
On constate également une hausse significative du nombre de déclarations déposées dans la base INIES, dû à l’entrée en vigueur de la RE2020. De même, le nombre de certifications HQE est en augmentation continue.
Côté communication, de nombreuses actions ont été réalisées, comprenant entre autres 7 nouvelles publications, un nouveau site web ainsi qu’un nouvel outil digital, HQE Pour Tous, à vocation pédagogique.
En 2022, les missions de l’Alliance HQE-GBC se sont ainsi articulées autour de 5 axes :
- Accompagner les transition environnementales
- Innover et anticiper du bâtiment au quartier
- Coordonner les actions en Europe et à l’International
- Développer les bonnes pratiques et la performance
- Représenter et promouvoir le cadre de vie durable
Accédez au rapport moral et d’activités 2022
En fin de présentation, Philippe Van de Maele, directeur de cabinet de Christophe Béchu et membre d’honneur de l’Alliance HQE-GBC en qualité d’ancien président de l’association, a réaffirmé le rôle crucial joué par l’Alliance HQE-GBC en tant qu’espace de dialogue pour les professionnels du cadre de vie durable, porté par une vision holistique et multicritère, tant à l’échelle du bâtiment qu’à celle de l’aménagement.
Une table ronde dédiée à l’adaptation au changement climatique
Dans un deuxième temps, l’association, défricheuse sur le sujet de l’adaptation, avec notamment son Cadre de définition de la résilience et de l’adaptation pour le cadre bâti et son guide pour la réalisation de quartiers durables, a organisé une table ronde intitulée Comment se préparer à vivre sous 50° degrés ? Et comment anticipons-nous les différents aléa. Cette table ronde s’est déroulée en présence de Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et a donné la parole à Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, Directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC, Raphaël Ménard, Président du Directoire de l’AREP, Fanny Lacroix, Présidente de l’AMRF, Stella Gass, Directrice de la Fédération des Scot et Marjolaine Meynier-Millefert, Présidente de l’Alliance HQE-GBC.
Madame Lacroix a insisté sur l’importance d’embarquer tous les territoires dans la transition écologique. Elle a rappelé la mission de l’AMRF de porter une vision politique de la transition écologique vu des territoires.
« Les communes rurales représentent 88% du territoire, sans elles il n’y aura pas de transition écologique. Or 70% des communes ont moins de 1000 habitants et peu de moyens et d’expertise. Les maires gèrent le quotidien sans pouvoir lever la tête du guidon. Hormis quelques pionniers, la majorité des maires ruraux sont très réactifs mais n’ont pas de vision politique de la transition écologique. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’AMRF a organisé récemment le Grand atelier des maires ruraux pour la transition écologique en proposant deux leviers importants pour construire cette vision politique : la capacité d’une commune rurale de petite taille de faire des actions simples et d’emmener tous les acteurs du territoire dans la même direction; la richesse de tous les impensées liés aux territoires, les biens communs naturels. »
Fanny Lacroix, Vice-Présidente de l’AMRF
Madame Gass a complété en précisant que le modèle d’aménagement est en pleine révolution :
« 40% des communes vont avoir des risques d’incendie. Il va y avoir une évolution des risques naturels or aujourd’hui nos documents de risques n’intègrent pas l’adaptation au changement climatique. Nous savons que le niveau de risque aujourd’hui n’est pas à la hauteur des enjeux. Il faut se poser la question du risque à l’aune de l’adaptation au changement climatique. On a besoin d’élus qui ont une vision stratégique et à long terme et qui préparent l’avenir des territoires. Comment fait-on pour accompagner les élus et tous les acteurs pour faire le changement de trajectoire des territoires nécessaire pour s’adapter à ces défis colossaux dans les territoires. »
Stella Gass, Directrice de la Fédération des Scot
Monsieur Ménard a ajouté l’importance d’avoir une approche systémique de la gouvernance des métropoles :
« Il y a eu la présentation du PLU bioclimatique au Conseil de Paris et parallèlement la diffusion du rapport de la mission d’évaluation sur Paris à 50°C. Cela montre que les métropoles se saisissent de la question du réchauffement climatique. (…) On sait que ce sont des loupes, (…) elles sont physiquement et intrinsèquement beaucoup plus sujettes au dôme de chaleur et aux effets des îlots de chaleur car elles agrègent des concentrations humaines phénoménales. Le défi auquel sont confrontées les métropoles, c’est le sujet de la gouvernance qui faut aborder d’un point de vue systémique. »
Raphaël Ménard, Président du Directoire de l’AREP
Marjolaine Meynier-Millefert a résumé le sentiment commun partagé :
« Du plus petit maillon au plus grand, chacun en tant qu’humain est confronté à des problématiques renversantes. Nous sommes tous à l’école en train d’apprendre à faire face à quelque chose que nous ne maitrisons pas. L’Alliance HQE-GBC défend une approche globale à toutes les échelles, des métropoles aux communes rurales. Il est important tisser des liens étroits entre les deux afin d’adresser les sujets jusqu’au bout avec une responsabilité partagée d’intérêt d’un côté et de réponses adaptées de l’autre. On a ce besoin de trait d’union entre les territoires.(…) Cela n’a aucun sens d’opposer les uns aux autres (…). Le constat partagé est que nous ressentons tous la même chose, un ressenti de responsabilité car quand on sait, on est forcé d’agir, on a une responsabilité de se donner les outils pour mieux savoir. »
Marjolaine Meynier-Millefert, Présidente de l’Alliance HQE-GBC
Madame Masson-Delmotte a souligné sur les efforts considérables faits par les scientifiques pour améliorer la compréhension et l’anticipation des caractéristiques physiques d’un climat qui change et les transmettre dans le processus des transformations :
« On a, par exemple, identifier 33 facteurs climatiques générateurs d’impacts, notamment les températures extrêmes, les pluies extrêmes, les sécheresses agricoles, l’ensemble des aléas liés à la montée du niveau de la mer. L’enjeu est de pouvoir intégrer ces connaissances et la plage d’incertitude associée dans la prise de décision en fonction de la durée de vie des actions qui doivent être portées. »
Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, Directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe n°1 du GIEC
Madame Masson-Delmotte a identifié trois autres volets de transformation pour limiter les risques liés au changement climatique : la réduction massivement des GES, la gestion de la disponibilité en eau et les limites des capacités d’adaptation des écosystèmes.
Enfin, Christophe Béchu a conclu par un message important :
« La HQE fait partie de la solution de l’adaptation au changement climatique. »
Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires