Contexte et enjeux
Dès sa création, la démarche HQE a placé la personne au cœur du « mieux vivre », et la cible « santé » a constitué un enjeu majeur pour la construction, afin de promouvoir, comme défini par l’objectif « Bonne santé et bien-être » de l’ONU, des lieux de vie qui favorisent la santé.
L’enjeu sanitaire que représente la qualité de l’air intérieur (QAI) n’est aujourd’hui plus à démontrer, les nouveaux cas de maladies et de décès liés à six polluants de l’air intérieur (benzène, radon, trichloréthylène, monoxyde de carbone, particules et fumée de tabac environnementale) se chiffrant en plusieurs dizaines de milliers en France. Dans une note publiée le 15 décembre 2020, le ministère de la Transition écologique estime à « 19 milliards d’euros par an le coût socio-économique direct et induit d’une mauvaise QAI »*
La prise en compte de la QAI renvoie donc à des enjeux majeurs de santé publique (intoxications, allergies, infections, risques à long terme respiratoires et cardiovasculaires), mais aussi de confort (sensation de gêne, inconfort, nuisances olfactives, symptômes divers). Sa bonne qualité gage a contrario de nombreux bénéfices et effets positifs tels que la hausse de productivité, un meilleur apprentissage des enfants, une baisse du taux d’absentéisme et la sensation de bien-être.
*Sur la base d’une étude menée en France en 2014
Définition
La qualité de l’air intérieur dépend de trois sources principales de pollutions :
- l’environnement extérieur : il a une influence marquée sur la QAI, par les pollutions de proximité (origine liée au trafic automobile), les activités industrielles et des sites classés pour la protection de l’environnement, et du sous-sol (radon, anciens sites industriels…) ;
- les produits de construction, de décoration et d’ameublement, les équipements (chauffage, ventilation, climatisation, bureautique…) : dans les bâtiments en exploitation, ils peuvent générer des émissions de composés organiques volatils (COV). La connaissance des caractéristiques d’émission de ces différents produits, une fois mise en œuvre, est fondamentale pour limiter cette source de pollution intérieure ;
Depuis septembre 2013, un étiquetage est rendu obligatoire sur les produits de construction et de décoration afin d’informer les consommateurs sur les niveaux d’émissions en composés organiques volatils (COV) de ceux-ci. - les occupants et leurs activités (tabagisme, nettoyage et utilisation de produits détergents, de désodorisants et parfums d’ambiance, utilisation d’insecticides, bricolage…).
Les travaux portés par l'Alliance HQE-GBC
La qualité de l’air intérieur a été intégrée dès les tous premiers travaux de l’Alliance HQE, notamment au travers de la cible « Santé ».
S’appuyant sur les travaux de l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur et ses campagnes de mesure, le Groupe de travail « Indicateur-santé-confort » de l’Alliance HQE s’est interrogé dès 2021 sur les polluants à mesurer, les mesures à faire, les valeurs guides de référence. L’objectif étant d’apporter des réponses opérationnelles à coût maîtrisé, avec des protocoles pour la réalisation de campagnes de mesure de la QAI. Une première version de ces protocoles a été publiée dès 2013, récemment mise à jour en mai 2021 au travers des Règles d’application pour l’évaluation de la qualité de l’air intérieur à la réception d’un bâtiment neuf ou rénové. Ces règles ont été spécifiées pour les bâtiments existants avec la publication du protocole pour les bâtiments en exploitation, publié en mars 2018 et mis à jour en mai 2021.
Soucieuse d’accompagner l’évolution des pratiques, l’Alliance HQE-GBC propose également un guide pratique de préconisations opérationnelles selon 5 étapes clés, pour favoriser à la fois à la mise en œuvre des campagnes de mesure à réception et les bons résultats de ces dernières.
La montée en puissance du numérique dans le bâtiment renforce le développement de capteurs de mesure des polluants, constituant un champ d’innovations majeures, et promettant de mesurer et de piloter au quotidien la qualité de l’air intérieur. Il convient toutefois de rester vigilant en rappelant que ces mesures en continu restent complémentaires aux campagnes de mesures définies dans les protocoles et en poursuivant les travaux et la diffusion des connaissances sur la caractérisation et l’expérimentation de ces capteurs. C’est un des axes de réflexion choisi par le groupe de travail de l’Alliance HQE-GBC qui a publié, en mai 2021, une note de cadrage sur la place des capteurs de mesure de la QAI.